dimanche 26 mai 2013

Le Village de Belleville, du temps jadis au temps présent






De Savies à Belleville

Savies est la  première trace du village de Belleville qui remonterait peut-être à une antique  fondation  qui aurait existé  avant le VII ème siècle. 
En  l'an 862  le roi Charles le Chauve y possédait une demeure,
un mesnil aussi nommé hameau de Savies. 
Ce nom celtique  signifierait pour certains, terre sauvage, ou pour d'autres comme   André Videau, dans son étude sur l'origine du toponyme Savies,    proviendrait de la racine pré-celtique « Sav »  exprimant une idée d'écoulement, un lieu duquel  s'écoulerait des eaux et des sources, ce qui serait probable compte tenu de la constitution sablonneuse , glaiseuse et argileuse du sol
comme nous allons le voir plus loin.

Charles le Chauve fit don du mesnil de Savies avec d'autres domaines 
à l'abbaye de St Denis.  Par la suite entre les IX, XII et XIII ème siècle les rois de France firent don d'autres terres et bois situés autour du mesnil  à différentes congrégations  religieuses dont l'abbaye de St Denis et  de St Martin des Champs. Devenu  au XIII ème siècle, hameau  de Poitronville (Portronville, Pointronville, ), du nom de son propriétaire,  le seigneur  Boitron ou Positron, pour devenir ensuite Belleville-sur Sablon en 1451 après les ravages de la guerre de cent ans.  Des  le

On ne sait toujours pas précisément  si le patronyme de Belleville vient  d'une déformation de Bellevue, de  Beauvoir ou de Marguerite de Belleville, fille de Charles VI à qui fut donné un domaine à Bagnolet qui s'étendait jusqu'à Poitronville.

XIIème siècle les moines de Saint- Lazare y  captent l'eau des sources pour alimenter la léproserie du faubourg St Denis, puis  par la suite un aqueduc  conduira l'eau à Paris pour alimenter les fontaines parisiennes de la rive droite. Grande histoire d'eau  justifiant la présence des  regards  et le nom de certaines rues éparpillées  de nos jours entre les XIX ème et  XX ème arrdt. Bernard Fournier, dans les années 1990,  habitant de notre quartier et que j'ai bien connu à consacré une chronique régulière et extrêmement bien documenté « Une longue histoire d'eau » dans la revue Histoire du 3ème arrondissement  de Paris de l'association pour la découverte et la promotion du patrimoine historique»

Le village était situé bien plus haut que le Belleville actuel ! Il  s'étalait à l'Est entre la ferme de Savies ( n° 88 et 94 rue de Belleville) et Mesnil Mautant (Maudan), au Nord jusqu'à la Butte de Beauregard,  la rue de Bellevue et des Lilas,  à l'Ouest jusqu'à la Butte du  Calvus Mon le Mont Chauve du parc des  buttes Chaumont actuel,  au Sud jusqu'à la Courtille du haut,  au niveau de la rue de Belleville à l'angle de la rue Rébéval puis par la suite descendra jusqu'à la Courtille du bas correspondant aux rues du Fbg du Temple  et rue du Temple (qui deviendra plus tard un haut lieu d'amusements avec son carnaval et 
la célèbre « descente de la Courtille »

La première chapelle du village fut construite en 1543. Avant les villageois devaient aller très loin, par tous les temps, à pieds ou en charrette attelée, pour assister aux messes données dans des paroisses éloignées. De plus nos villageois ne s'y rendaient pas en bandes joyeuses de voisins ou d'amis car à chacun était destiné un lieu de culte en fonction de son lieu de naissance !  Ou de la paroisse dont les propriétaires des terres qu'ils cultivaient, dépendaient. 
(On ne choisissait pas son église)

Devenue église en 1635,  Il y eu plusieurs reconstructions de l'église avec le cimetière attenant et la place du village jusqu'à l'édification quasiment au même  endroit de L'actuelle église Saint Jean Baptiste de Belleville en 1859.
Nous avons aussi lu que l'église à cette époque avait été  consacrée à Saint Jean Baptiste, patron des carriers et à St Blaise patron des plâtriers ! ?
Le cimetière de Belleville,  fut déplacé trois fois, Jusqu'à son emplacement actuel au N° 40 de la rue du Télégraphe dans le XX ème arrondissement.

L'ancien  verdoyant village de Belleville  et ses alentours étaient constitués d'aulnaies, saulaies, oseraies avec d'innombrables parcelles de vignes,(clos de vignes) champs, cultures céréalières, vergers, pâturages,. Un bois fut mentionné et une garenne royale, gibondante, y passa même au XIVème siècle.
Et aussi, à différentes époques le paysage bellevillois
se décrivait avec  de nombreux pressoirs et  moulins.

On y trouva également  des sablières, des plâtrières provenant des carrières de gypse servants à la fabrication du plâtre extraits de  la Butte de Chaumont et depuis le V ème siècle, qui  à l'époque  était appelé Mont chauve,  Calvus Mons, jusqu'en  en 1216, car rien n'y poussait !
ET dans lesquelles venaient s'approvisionner
maçons, tuiliers, briquetiers et potiers.

Des le XVIII ème, les parisiens montent à Belleville, pour se promener dans un cadre champêtre et  respirer le bon air des hauteurs ! Achètent ou se font construire des maisons de campagne ! fréquentent les guinguettes et cabarets pour  boire le vin du cru,(le clairet)  chanter et s'amuser! Et pour dire, s’il y eut beaucoup de métiers et
d’activités artisanales de nos jours complètement disparus, 
 il y avait en 1848, 500 marchands de vin, traiteurs et limonadiers! 

La rue de Belleville était la rue principale de l'ancien  village de Belleville, long chemin de plus de 2 kms qui menait à Paris.

En 1787 fut bâtie autour de Paris l'enceinte des fermiers Généraux avec l'édification de portes, les fameuses barrières d'octroi (sur le tracé des boulevards de Belleville et de la Villette), servant à faire payer des taxes sur toutes  marchandises rentrant dans Paris. Elle coupa en deux le quartier de la Courtille par un mur  de quatre mètres de haut et la basse Courtille
 au niveau de la rue du Fbg du Temple, intégra Paris.
 Malgré la colère de la population et des marchands, des pétitions, des cabaretiers devenus parisiens malgré eux et astreints à payer sur leurs vins
des taxes auxquelles ils avaient échappé jusqu’alors,
«  Le mur murant  Paris qui rendait Paris murmurant «  Fut maintenu. 

A la révolution  de 1789, Belleville compta grand nombre de révolutionnaires et de lieux de réunions, notre commune fut même débaptisée pour prendre le nom de La Montagne.  La première mairie se situa en 1790 à l'angle des rues de Belleville et de la rue de Palestine puis en 1847 de l'autre coté au niveau du n°136 de la rue de Belleville juste à l'emplacement  sur lequel  il y avait eu
le célèbre cabaret de l'ile d'Amour !

Au XIX siècle, le jour des cendres, la rue de Belleville (rue de Paris) jusqu'à la rue du faubourg du temple, fut le tableau d'un grand carnaval à succès:
La descente de la Courtille avec comme meneur,  l'illustre et excentrique Milord L’Arsouille. Bourgeois de Paris, grimés et déguisés
défilaient sous le regard amusé des Bellevillois.


En 1860  Au moment de l'annexion du village de Belleville à Paris, la commune  comprenait 70.000 habitants, placée 13ème commune de France.  Notre mairie devient la mairie du XX, le XIX ème et les XXème arrondissements furent définitivement  coupés en deux et par la rue de Belleville.  Mais le village de la Villette, lui fut rattaché. La mairie du XIXème après plusieurs emplacements finira par s'installer en 1876 place Armand Carrel.

En 1871 Sous la commune de Paris les Bellevillois furent également très combattifs, et en réponse la répression fut effroyable.
 Il y eut beaucoup de morts dont les fusillés de la Commune.

Pour cette période de l'histoire, Nous vous invitons à lire  les trois romans historiques de Denise François aux éditions Filipacchi:
L’Auberge du Grand Balcon, les Révoltés de Montfaucon, les Dames de la Courtille
Les livres étant épuisés, vous pourrez les emprunter dans les bibliothèques municipales de notre quartier.

Jusqu'en  1860 il y avait une ligne régulière de transport qui montait et descendait la colline de Belleville. « La petite monteuse » A partir de la place de l'église St Jean Baptiste et jusqu'au niveau du métro Belleville actuel.
On y voyageait en voiture 14 places, tirée par deux chevaux.
Puis ce fut la Création d'un funiculaire en 1891.
Ces deux types de transports engendrant tellement d'accidents, accrochages, avec la foule de piétons qui circulaient sur cette voie particulièrement pentue ainsi qu'avec  les voitures à bras, fiacres, charrettes attelées aux chevaux qu'ils furent abandonnés,
Modernisme oblige création de la ligne de métro entre 1925 et 1935.

D'un village de vignerons, de laboureurs de carriers, d'artisans et cabaretiers Belleville va rengorger d'une multitude d'anciens métiers et commerces pour certains  totalement disparus pour exemple au XVIII ème siècle on trouvait à Belleville de nombreux plâtriers, maçons, meuniers, savetiers, cordonniers, tailleurs, bourreliers, charrons, forgerons, tonneliers, charpentiers, menuisiers, serruriers, salonnier, fruitiers, boulangers, pâtissiers, vinaigriers, bouchers, charcutiers, vinaigriers, boyaudiers, voiturier par terre, blanchisseuses, couturières,
 ouvriers de la monnaie, fontainiers etc ....


Au fil des siècles les métiers et activités ont changé la population et ses
 différents flux migratoires, se sont étonnamment diversifiés.
Grands nombres de livres ont été écrits pour en témoigner

On notera qu'en début du siècle jusqu'à la crise de 1930 avec l'arrivée des machines entrainant le licenciement des employés et la fermeture d'ateliers, Belleville fut le fief de l'artisanat de la fabrication de la chaussure avec tous les métiers qui en découlaient ainsi que les petites maisons où logeaient  les employés.
Nous vous invitons et pour aller plus loin à lire le livre sur Maurice Arnoult
mort récemment à près de 102 ans 
« Moi,  Maurice, bottier à Belleville », par Michel Bloit aux éditions de l'Harmattant, 1993, et l'article en ligne dans Quartiers libres N° 106, 2008, 
sur le site internet de la Ville des Gens.

Dans notre quartier, d’innombrables ateliers réhabilités et petites maisons existent encore de nos jours pour en témoigner, mais malheureusement la plupart sont situés dans les arrières cours,  fermés à la rue et aux regards des passants par des portes codées ! Cependant, grâce aux ateliers portes ouvertes  des artistes de Belleville qui se déroulent tous les ans au mois de mai, nous pouvons encore
découvrir certains de ces extraordinaires ilots,
 lieux de vies et tellement  évocateurs de notre vieux village de Bellevillois.

A l'heure actuelle il existe un paradoxe flagrant il y aurait, en fait deux Belleville !, L'antique, le village historique  de Belleville, le notre, revendiqué par ses habitants, celui qui est dans les hauteurs, s'étendant entre l'église St Jean Baptiste de Belleville et le plateau des Buttes-Chaumont et  le Belleville du bas. 
 Le Belleville actuel dans l'entendement des gens
s'étendant autour  du métro Belleville.
Deux quartiers profondément différents mais que l'on est obligé de traiter ensemble ou en tout cas  partiellement  du fait de la rue de Belleville
qui toujours été le fil conducteur et un passage obligé.

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